jeudi 12 avril 2012

Quel avenir pour une DSIO dans un hôpital ?

Quelqu'un m'a récemment demandé comment je voyais l'évolution des systèmes d'informations patient dans les hôpitaux et quels étaient, d'après moi, les profils qui auront le vent en poupe à l'avenir.
Voici ma réponse :
Votre démarche m'intéresse. C'est une question de fond qui fait écho à la montée en charge de projets régionaux voire nationaux, et à l'émergence de règles d'interopérabilité entre les systèmes mis en place localement dans les établissements de soins et les réseaux périphériques à l'hôpital (dans son sens le plus large). Ajoutez à cela des offres en mode Saas de plus en plus pertinentes et d’obligation de maitrise des coûts, on peut décemment se poser la question de l'évolution des systèmes d'informations hospitaliers.

Faisons une liste des profils rencontrés dans une DSIO « classique ». A tout seigneur, tout honneur, on trouve un DSI et éventuellement un RSSI. On trouvera également des chefs de projets AMOA, en charge d’accompagner les directions métiers dans leur informatisation, éventuellement des chefs de projets MOE, des profils plus techniques dans le backoffice (DBA, ingénieur système, responsable réseau, …) et dans le front office (responsable parc, technicien help desk, …).

A la vitesse à laquelle les nouvelles technologies s’installent dans les hôpitaux (quand je suis arrivé dans le monde de l’hôpital il y a 14 ans, il n’y avait pour ainsi dire aucune offre digne de ce nom pour les logiciel métiers et beaucoup d’hôpitaux avaient encore une compta et un paie en développement spécifique, alors que le monde de l’industrie que je quittais cherchait déjà à mettre en place des ERP qui adressaient l’ensemble des processus métiers), on peut imaginer que le besoin en AMOA va aller croissant alors que la MOE va être restreinte à quelques prestations d’intégration sous traitées à des SSII. Les offres Saas s’étoffant, le backoffice va probablement être externalisé en partie, perdu dans le Cloud. Il en va de même pour le front office ; la virtualisation du poste de travail va permettre d’externaliser la gestion du parc de poste de travail, la valeur ajoutée de la connaissance des applicatifs métiers restera sans doute encore quelques années au sein de l’hôpital, le temps que les acteurs majeurs des SI Patient aient fait le « ménage » et que le marché, alors réduit à 2 ou 3 éditeurs principaux (comme se fût le cas pour SAP, PeopleSoft et Oracle sur le marché de l’ERP), permette de sous traiter également le support à l’utilisation des applications métiers.

Si ces métiers vont vraisemblablement évoluer vers d’autre type de contrat (outsourcing, TMA, voire freelance), il me semble que les métiers liés à la sécurité vont eux avoir le vent en poupe dans les hôpitaux. Ouvrir le SIH à l’extérieur (vers des utilisateurs comme les patients ou les médecins membres des réseaux de soins, mais aussi vers les sous-traitants du SIH) ne va pas sans lever beaucoup de problèmes de sécurité, que se soit sur un plan strictement technique, mais également sur un plan politique (convaincre la direction de la nécessité d’investir les milliers d’euros pour le cas où… n’est jamais chose facile) ou humain et sensibilisant et en responsabilisant les utilisateurs comme un des nombreux maillons de la sécurités. En le DSI dans tout ça ? dans ce paysage « idyllique », il reste le garant de la cohérence du tout. Il me semble que son rôle évoluera vers plus de juridique pour pouvoir gérer non plus ses ressources internes, mais les contrats de services et les SLA associés, il devra apprendre à jongler entre les budgets structurellement en baisse et les besoins grandissants d’information des processus métiers et devra renforcer sa veille technologique pour ne pas se laisser surprendre par des évolutions réglementaires connues de « longue date » par les direction métiers et les différentes agences qui constituent l’écosystème des hôpitaux (ASIP, ANAP, ATIH, …).

1 commentaire:

  1. Assez d'accord sur l'évolution des compétences DSI. Au fur et à mesure que les offres s'étoffent et prennent de l'ampleur, les aspects contractuels prennent de l'importance. Quels sont les responsabilités des éditeurs sur l'intégrité des données patients, sur la continuité de service, sur l'exploitation des données ? Ces questions sont actuellement ébauchées dans les contrats et, faute de compétence juridiques des établissements et des éditeurs, fragilisent la pérennité et la sécurité d'un SIH.
    Pour le reste, bien qu'exerçant près de Saint Cloud, nous ne voyons pas encore le Cloud comme une réalité dans le coeur du SIH.

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